Lectures subjectives du rapport de l’agence internationale de l’énergie
Lundi dernier, l’agence internationale de l’énergie pointait sévèrement la Suisse, la jugeant en retard dans la transformation de son système énergétique. Les mots utilisés par Mary Burce Warlick, directrice exécutive adjointe, étaient sans détour : La Suisse doit définir rapidement les mesures de politique climatique prenant effet en 2030 afin d’atteindre l’objectif de zéro émission nette à l’horizon 2050. C’est plus qu’un appel du pied, c’est un signal d’alarme. La directrice s’inquiète aussi du manque de main-d’œuvre qualifiée en lien avec les énergies renouvelables notamment pour l’installation de panneaux solaires, de pompes à chaleur, les bornes de recharge pour les véhicules électriques.
L’heure est grave, mais Albert Rösti garde le sourire. Il explique sur Instagram que « l’Agence internationale de l’énergie estime que la Suisse est sur la bonne voie en matière de politique énergétique. Je suis ravi de cette appréciation. »
Si on espère vivement que la loi sur l’approvisionnement en électricité sûr reposant sur des énergies renouvelables nous mettra sur de bons rails, la loi CO2 également en débat au Parlement, est loin d’être à la hauteur des enjeux. C’est pourtant une loi de mesures concrètes qui pourrait nous sortir des énergies fossiles. Au lieu de cela le Parlement s’apprête à entraver la protection du climat en achetant en masse des compensations à l’étranger, avec la bénédiction d’Albert Rösti.
Il y a quelques semaines, la même agence internationale de l’énergie annonçait que la demande mondiale de pétrole en 2023 s’acheminait vers son « niveau le plus élevé jamais enregistré» pour atteindre 102,2 millions de barils par jour. « La demande mondiale de pétrole atteint des sommets records, stimulée par les voyages aériens estivaux, l’utilisation accrue de pétrole (fioul) dans la production d’électricité… », expliquait l’Agence.
Si cela concerne pourtant frontalement la Suisse aussi, cela ne semble pas du tout inquiéter Monsieur Rösti. Il nous dira que tout va bien.
Delphine Klopfenstein Broggini